Au Royaume-Uni, l’usurpation de plaque est aussi devenue un fléau

En France, le nombre de doublettes ne cesse de progresser année après année. Le phénomène de l’usurpation de plaques ne fait pas des dégâts que dans notre pays. Outre-Manche, c’est également un problème qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Si bien que la BBC a publié un reportage sur ce qu’elle appelle le clonage de plaque d’immatriculation.

Une victime parmi tant d’autres

Ben King fut déconcerté lorsqu’il a commencé à recevoir des amendes en décembre 2022. Il aurait été pris à se garer à divers endroits du centre de Londres, accumulant ainsi pour des centaines de livres d’amendes.

Mais M. King n’avait jamais conduit à Londres. À ces dates, sa voiture était garée devant sa maison à Reading, à plus de 60 km de là. Il est l’une des nombreuses victimes d’usurpation de plaque, connue en Angleterre sous le terme de « clonage ».

Une enquête de la BBC a révélé une forte augmentation des PV annulés en raison d’une doublette. La Driver and Vehicle Licensing Agency (DVLA) a déclaré qu’elle travaille avec le National Police Chiefs’ Council et d’autres ministères pour améliorer l’identification et la répression des délits liés aux plaques d’immatriculation.

36.000 PV annulés pour usurpation de plaques rien qu’à Londres

Les cas de clonage de plaque à Londres ont augmenté durant ces 3 dernières années. Rien qu’en 2023, plus de 36.000 amendes ont été annulées pour ce motif. Les individus copient ou volent ces plaques d’immatriculation anglaises. Habituellement, ils choisissent le numéro d’un véhicule qui ressemble au leur.

L’enquête de la BBC a révélé une augmentation de 64 % des usurpations en 3 ans.

Un cauchemar pour les victimes d’une doublette

Pour M. King, cette épreuve s’est transformée en un cauchemar de 6 mois qui lui a coûté près de 1 000 £ et lui a valu des menaces d’huissiers.

« Ce fut si stressant, » a raconté M. King. Prouver son innocence peut être difficile pour certaines victimes. M. King a eu du mal à fournir un alibi. « Je travaille à domicile, donc je n’avais aucune preuve que je travaillais dans un bureau, » a-t-il expliqué.

« J’ai soumis des images de la caméra de la voiture sur mon trajet, mais ils n’ont pas accepté cette preuve. » Il lui a fallu 6 mois pour prouver sa bonne foi.

L’expansion de l’Ulez, la raison de l’explosion de l’usurpation de plaques en Angleterre ?

L’emballement du phénomène est particulièrement visible du côté de la zone à très faibles émissions de Londres (Ulez). En août dernier, la zone a été étendue à toute la périphérie de Londres. Les chiffres montrent qu’il y a réellement un effet. Le clonage de plaque permet en effet d’échapper au paiement de la redevance journalière due par les véhicules les plus polluants.

Comme en France, faire des plaques du Royaume-Uni sans justificatif est facile. La BBC a réussi à commander en ligne une plaque auprès d’un fournisseur habilité, sans fournir une copie de la carte grise anglaise, et l’a reçue en 2 jours.

Une situation hors de contrôle

Rob Laugharne, président de la British Numberplate Manufacturers Association (BNMA), met en garde contre l’aggravation de la crise des plaques d’immatriculation usurpées.

Il décrit la situation actuelle comme un « Far West ». Selon lui, l’intégrité des systèmes d’identification des véhicules est désormais compromise. Selon M. Laugharne, la zone ULEZ et les contrôles de police à distance alimentent ces délits.

« C’est un énorme problème, car c’est la seule façon qui permet de surveiller la mobilité dans notre société, » a déclaré M. Laugharne concernant l’automatisation des contrôles.

Alors que le clonage de plaque continue d’augmenter, M. Laugharne pense que le problème dépasse la DVLA. Il estime que le problème est « hors de contrôle », le comparant à un génie sorti de sa lampe et craint que la DVLA adopte la politique de l’autruche.